Description

Bon. D’abord, une chose, cette gamine que tout le monde croit en pleine adolescence … C’en est pas une. Elle a bien passé ce cap. Pas physiquement et pas mentalement, mais par le nombre d’années. Cette jeune fille déteste d’ailleurs qu’on lui dise quoi que ce soit à ce sujet. Elle n’a pas 24 ans, mais 15, ou 18 selon sa volonté. Parfois même 12, si ça lui permet de grappiller des bonbons.  Ce n’est qu’une partie de la lunatique jeune femme aux cheveux colorés, qui sont toujours court et dans des couleurs pétantes.

Lunatique ? Oui. Un jour, ce sera le soleil, amical et chaleureux. La fête dans le sang. L’autre, une lune maussade, désagréable au possible, se réfugiant dans une fausse réalité. Parfois, ces états durent longtemps. Parfois, ils sont comme la bruine de printemps, inconsistants. Elle s’habille en fonction de son humeur, des tons vifs et colorés ou des teintes plus neutres. Ça aide ceux qui la connaissent à s’en approcher au bon moment.

Pourtant, parmi eux, aucun qu’elle n’a aimé ou n’aimera. Elle ne connait que l’amour familial, trop peu intéressée par quoi que soit d’autre. Donc, oui, il y a eu des baisers, qui l’ont laissée plus froide qu’autre chose. Elle a su, et sait toujours se faire désirer. Elle aime jouer au jeu de la séduction. Mais rien de plus. Rien n’a jamais abouti ou n’aboutira jamais. Elle se lasse et change de victime, laissant une fois de plus un cœur brisé, ou au mieux un désir dénié. Un vrai papillon coloré.

Elle s’ennuie de tout rapidement. Ou presque. Ce qui ne la quittera jamais c’est la passion pour le VR. Elle-même crée ses mondes imaginaires. Elle dessine. Elle joue au seul jeu qui ne l’a jamais ennuyé. Des univers naissent de ses doigts habiles, des constellations, des planètes qu’elle envahit de gens, des IA qu’elle-même a travaillé. Tout ce qui est à l’intérieur du VR, ainsi que l’appareil (bon elle avait une base quand même) et les programmes sont de sa main. Elle qui ne fait que ça et ne sait faire que ça garde jalousement ce secret. Personne n’a le droit ne serait-ce que de toucher à ses lunettes. Elle pourrait devenir assez violente si cela se passait. Celles-ci sont rouges et légères, très souvent calées sur la tête de leur propriétaire. Souvent quelques pinces ou autre trucs mignons décorent aussi ses cheveux. Elle est coquette, dans sa phase solaire. Pas trop sinon. Et les cernes sous les yeux ... juste un résultat de ses nuits sans sommeil.

Elle s'investit dans son monde, créant des personnalités bien définies pour les IA, recolorant ici et la. Mais quand elle crée quelque nouvelle partie, comme les fonds marins par exemple, elle ne vit plus. Oubliée la partie solaire. Maintenant, il ne reste que le codage, la création et le fini. Il doit être parfais, sans défauts qui rappellerait que ce n'est qu'illusion et artifice. Elle oublie le monde et ses besoins naturels. Elle ne mange plus, ne dors plus. Elle a même du mal à décrocher pour aller aux toilettes. Heureusement que sa mère l’arrête quand elle s'en rend compte. Heureusement que sa mère lui fournit un endroit ou vivre, de la nourriture dans le frigo, même si c'est pas des petits plats ...

Misha préfère vivre comme ça, au grand désarroi de sa mère. Elle a son propre désordonne ordonne qui s'étale dans leur petit studio. Les choses sont a leur place, même si leur place peut sembler incongrue pour le commun des mortels. Ses carnets dans le dit frigo pour ne citer qu'une de ses excentricités. Mais c'est comme ça. La jeune fille au cheveux gazon (pour le moment) y passe toute ses journées et bien souvent, elle ne fait que croiser sa génitrice le soir, en sortant. Celle-ci n'a aucune prise sur la vie de la jeune fille. Trop occupée par son boulot.

Histoire

Je ne sais pas à quoi tu t’attends ? Une histoire de guerre ? Vraiment pas. Sa famille fait partit des personnes n’étant pas directement influencées par le conflit hominas-feminas. Pour tout dire, ses mères n’avait jamais eu l’attrait pour le secteur militaire. L’une était femme de ménage, l’autre comptable. Du coup, la guerre était loin de leur préoccupations. Celle-ci durait depuis ce qu’il semblait être toujours. Les morts par celle-ci, une occasion fréquente. Bien que cela fasse partit du quotidien, cette jeune famille était heureuse. Une poupée blonde, adorable leur apportait tant de joie. Bien qu’elles aient peu de moyens, elles chérissaient leur enfant. Elles s’aimaient. Et elles gâtaient le fruit de leur amour, ne lui refusant que très rarement des choses. Celle-ci n’était pas très bonne élève, trop dissipée, mais elle compensait en étant une joyeuse boule de vie, apportant le sourire à la plupart de ceux qui apprenaient à la connaitre, peu à peu. Elle était populaire auprès des filles, calmant tout conflit naissant, vrai leader. Elle aimait la technologie et toucher un peu à tout, démontant et remontant un peu tout. Ses mères étaient fières de ça. Surement, un jour, elle ferait une mécanicienne exceptionnelle. Du moment qu’elle ne s’engageait pas dans la guerre, elles n’auraient rien à craindre.

Elles-mêmes ne craignaient rien, bien à l’abri du vaisseau. Du moins, c’est ce qu’elles croyaient. Mais la vie peut être cruelle. Un concours de coïncidences … Cela n’aurait jamais dû se passer. Elle qui nettoyait des bureaux habituellement avait été au mauvais endroit au mauvais moment. Les hangars à nourriture. Un nettoyage de routine. Aucun transport ne devait être effectué le jour même. Et pourtant. Un accident du travail, elles appelaient ça. Elles avaient pris en charge la famille. La psychologue, payée par leur frais. Apprendre à accepter.

Misha perdit son sourire. Pourquoi devait-elle prétendre que tout était normal quand rien ne l’était ? Elle était trop jeune, à peine sept ans, pour que ce ne soit vraiment conscient. Ses amies partirent les unes après les autres. Cette Misha, elles ne la connaissaient pas. Vu le peu de progrès de la gamine, qui semblait ne plus réagir à ce monde, la psychologue eut la brillante idée (ou très mauvaise) de lui faire un choc. Avec l’accord de sa génitrice, elle fit commander un programme qu’elle installa dans les lunettes VR. C’était vraiment pas grand-chose, pas très bien codé car fait par quelqu’un qui s’en fichait. Un IA qui disait bonjour et demandait de manger, simplement. En effet, Misha avait arrêté de manger, ce qui avait accéléré l’idée d’un traitement de choc. La spécificité de cet IA ? C’était une représentation très fidèle de sa mère. La voix, pas vraiment, mais physiquement, c’était très réussi. Suffisamment pour tromper une petite fille.

Cela eut l’effet escompté. Elle se remit à manger. A parler, un peu. C’était bien. La psy se félicita d’avoir eu cette idée. Maintenant, il allait falloir dissocier l’IA de sa mère, un travail qui demanderait du temps. Sauf que malgré ses efforts, Misha restait bornée. Sa mère était dans la machine, coincée. Il fallait qu’elle l’aide à sortir. Peu importait si son corps avait brûlé. Elle en ferait un nouveau.

Elle se mit à étudier sérieusement la robotique, prévoyant de ramener sa mère. L’accès à l’internet l’aidait beaucoup. Tant de bases qu’elle apprit si rapidement. Les bases de l’électronique, suivie de bases dans la programmation. Ce qui l’aidait aussi était le fait qu’elle n’allait plus à l’école. Grace à sa psy qui avait prononcé son état comme grave et nécessitant une prise en charge complète, elle disposait de beaucoup de temps libre. C’était plus un isolement qu’autre chose, mais ça devait être comme cela pour le deuil. Peut-être une procédure. Misha ne sut jamais pourquoi elle se retrouva si libre. Elle consacra son temps à apprendre.

Au bout d’un an et ayant appris à ne plus parler de ses ambitions à qui que ce soit, on l’a réintroduisit dans le système, croyant qu’elle avait enfin fini son deuil et qu’elle ne croyait plus que l’IA soit sa mère. Malheureusement, elle y cru jusqu’à ses 10 ans, refusant de changer la programmation de base, rajoutant seulement des phrases. Aidée de la recherche déjà effectuée, elle réussit même à intégrer dans ses lunettes un moyen de sentir. Sans avoir besoin de gants ou quoi que ce soit, utilisant de l’électricité pour simuler et stimuler les terminaisons nerveuses. Evidemment, elle n’était plus aussi libre de son temps, devant en consacrer une partie aux cours. Mais elle ne suivait plus, préférant ses projets. Ses notes de tout sauf sujets mécaniques auraient pu baisser mais non. Elle se maintenu à une moyenne stable, faible, mais pas bien plus basse qu’avant. Par contre elle explosa ses notes dans tout ce qui était technologie. Pour elle, les cours correspondaient aux bases qu’elle maîtrisait déjà. Ça ne plut pas à tout le monde.

Elle était soit admirée soit détestée. Ne faisant aucun des travaux de groupe, disant cash aux profs que les devoirs, fallait oublier. Trop grande gueule, mais certaines appréciait ça. Elle se fit des amies, plus âgées et plus ou moins fréquentable. C’est comme ça que naquit cette personnalité joyeuse. Elle aimait sortir, raconter des petits riens. C’était tellement différent de son quotidien jusqu’à-lors. Elles semblaient la comprendre.
Elle prit un peu plus de recul sur son projet, se rendant compte que ce ne serait jamais sa mère. A à peine 10 ans, elle avait déjà goûté à l’alcool, la cigarette, et quelques drogues ici et là. Elle se disait que ce n’était que de temps en temps, avec les potes. La dure réalité frappa aux portes une fois qu’elle eut 14 ans. Elle savait déjà qu’elle ferait une formation mécano basique, n’ayant aucune envie de perdre beaucoup plus de temps en études qui lui en prendrait trop.

C’était pas ça le problème. Non, le problème, ce fut l’entrainement martial. On y enseignait la rigueur, le respect de l’ordre. Pas du tout Misha, ça. Elle, la grande gueule répondait, cherchait des noises. Elle les trouva. Elle n’eut aucune amie, ces années-là. Pas un allié dans ce coin. Elle devint la victime d’harcèlements de la part des autres et de sa supérieure. Ses lunettes furent mises en pièces un nombre incalculable de fois. Ses affaires disparaissaient et reparaissaient en miettes. Elle cessa de porter de jolis vêtements, n’amenant rien de valeur. Sauf ses lunettes. Elle ne pouvait les laisser. Du coup, elle les réparait chaque nuit, devenant bien plus douée à cela. Elle ne perdit ses données que quelque fois. Bien qu’elle se soit détachée de l’IA représentant sa mère, ce fut cela qui la fit le plus souffrir. Elle perdit peu à peu son répondant. Son peu de joie de vivre aussi. Elle ne vivait que pour réparer ses lunettes et créer des programmes qui seraient détruits.

Le monde la rejetait, donc autant qu’elle le rejette. Elle devenait un vrai robot, pas de sourire, pas de pleurs. L’impression de plus sentir rien. Pas même la douleur. Ses cours de mécaniques étaient trop basiques pour la retenir et lui fournir quoi que ce soit. Elle tombait. Sans s’en rendre compte, bien plus bas qu’avant. Elle n’avait pas spécialement envie de mourir, ni de vivre d’ailleurs. Plus d’envie, tout cours.

Elle en sortit changée. Ne sortant que pour ses cours. Toujours aussi impassible à tout. Elle n’en dit rien à sa mère, inquiète à son sujet. Pas à la psy non plus. Ce fut une amie qui la sortit de cela. Une camarade en méca qui devient son amie. Elle avait bien insisté pour le devenir, la suivant presque partout, s’invitant même chez elle. Misha se confiât, peu à peu, s’ouvrant. Sur sa deuxième mère, sur ce qui s’était passé pendant l’entrainement. Son amie la fit sortir, boire, redécouvrir ce qu’il y avait de bon dans la vie. C’est là qu’elle commençât à se teinter les cheveux dans des couleurs toutes plus flashies les unes que les autres. Et à jouer aussi. Avec le cœur et les désirs.

Elle devient de plus en plus lunatique mais ses nouvelles amies et celle qui l’avait sorti du pétrin semblaient ne pas s’en faire. Son obsession pour le VR devient aussi quasiment obsessive. Elle créa un monde. Remplis d’IA de toutes sortes. S’y réfugiant bien trop souvent. Alors qu’elle aurait pu commencer un job à 18 ans, elle n’en fit rien, refusant même les offres d’emplois. Ça lui prendrait trop de temps. Elle voulait consacrer sa vie au monde VR. Ainsi, elle se mit à avoir une vie des moins irrégulière, se levant à n’importe qu’elle heure. Buvant le soir, avec des amies, ou sortant la journée pour profiter si elle était en mode solaire. Se consacrant à son projet le reste du temps. Oubliant de manger souvent. Elle vendit quelque programme sous pseudonyme et en secret, afin d’avoir de plus d’argent pour les pièces nécessaires, les dernières sorties. Mais rien qui ne soit de son monde. Il lui semblait évident qu'il ne fallait pas que quelqu'un d'autre aie un bout de son monde. 6 années passèrent sans que rien ne change. Elle devient un peu plus sensible sur son âge, mais à part ça, rien.